Le monument Walter Benjamin, à Portbou (I)

Paris, mai 1940. Dans la France de Vichy, qui vient de signer un armistice avec le Troisième Reich, qui est situé aux portes de la ville, un homme, dont l’appartement a été enregistrée par les autorités, fuit vers le sud. Il est le philosophe allemand et juif Walter Benjamin.

Benjamin veut s’enfuir aux États-Unis, et, après avoir passé par Lourdes, se rend à Marseille, où il arriva en septembre. Il se réunit avec ses amis Hannah Arendt, Arthur Koestler et Hans Fittko. Il n’était plus possible de partir de Marseille vers l’Amérique, mais Hans lui donne l’adresse de sa sœur dans Portvendres, le sud de la France. Le plan était d’atteindre le nouveau continent en bateau, mais sortant de Portugal. Benjamin accepte l’avis et part en train, accompagné par le photographe Henny Gurland (qui plus tard, aux États-Unis, marriera Erich Fromm) et son fils, Joseph.

Le contact de Portvendres Lisa Fittko, est responsable de conduir les exiliés de Banyuls à Portbou à travers d’un parcours difficile, très raide et plein de pierres. Benjamin, malade de coeur, ne peut se déplacer qu’après des interruptions de 10 minutes. Finalement, Ils atteignent le sommet de la dernière montagne, où ils sont frappés par la vision de Portbou et la mer. Selon Fittko:

Enfin, nous avons atteint le sommet. J’avais avancé et je me suis arrêtée pour regarder. Ce que j’ai vu m’a frappé à la suite d’une sorte d’hallucination: d’une façon inattendue je reviens à voir la mer de nouveau, d’un bleu foncé. Et là-bas, Portbou.

A partir de là et tout sera descente. Fittko laisse les fugitives et retourne au point de départ, où pendant quelques années plus tard continuera de conduire les autres exilés. Benjamin et ses deux compagnons s’adressent au poste de police à Portbou, une ville à la frontière avec des traces évidentes d’une guerre civile avait qui pris fin à peine un an plus tôt. Or, la police espagnole refuse l’entrée sur le territoire espagnol de Benjamin et ses copains de voyage et annonce qu’ils seront remis aux autorités françaises.

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Benjamin est surveillé à l’Auberge France, maintenant fermé. Il passe la nuit dans la chambre numéro 3. Après avoir effectué une série d’appels téléphoniques, il prend une forte dose de morphine (qui avait pris à Marseille), est on trouve son corps le lendemain matin sur son lit. Il est mort à 48 ans.

Walter Benjamin a passé un peu plus de 12 heures de sa vie dans la ville de Portbou, mais la marque qu’il a laissé reste encore indélébile. Dans notre prochain article, nous allons découvrir comment.